Qu’est ce que l’hypertonie déformante acquise ?
Cette terminologie est employée pour définir les déformations neuro-orthopédiques de personnes âgées, souvent avec troubles neurocognitifs et résidant en institutionnalisation. Il recouvre « toutes les déformations articulaires, avec réduction d’amplitude et augmentation de la résistance à la mobilisation passive, quelle qu’en soit la cause, étant à l’origine d’une gêne fonctionnelle, d’un inconfort et de tout autre limitation dans les activités de vie quotidienne »
Les HDA sont fréquentes en milieu institutionnel (24 % en EHPAD et 37 % en USLD, Dehail et al. 2014) avec une atteinte souvent de plusieurs membres, notamment au niveau du coude, du poignet et des doigts ainsi que la hanche et le genou). L’étiologie des HDA est très souvent multifactorielle mais associe, dans une population très âgée, avec maladie neurodégénérative, des hypertonies musculaires (pyramidale, extrapyramidale ou des paratonies oppositionnelles), des facteurs environnementaux entraînant un appauvrissement fonctionnel et une immobilité, des facteurs musculaires et articulaires avec les modifications structurelles du muscle de la capsule articulaire et des facteurs comportementaux (apathie, agitation, agressivité…).

Que proposer en cas d’hypertonie déformante acquise ?
Ces déformations ne nécessitent pas systématiquement un traitement.
Cependant parfois elles peuvent être source de lésions cutanées (plaie dans une main fermée, macération avec mycose au creux axillaire ou aux plis inguinaux, escarres, douleurs…). Dans ce cas, elles peuvent nécessiter un traitement dont il faudra fixer les objectifs en consultation spécialisée. L’arsenal thérapeutique est multiple et les soins seront à définir au cas par cas mais il est important de noter que des traitements peu invasifs existent, réalisables en ambulatoire. Ils comprennent entre autres, les injections de toxine botulique, la phénolysation (dont l’efficacité plus prolongée en fait souvent une bonne alternative pour cette population fragile), l’imprégnation de la paume de la main à la lidocaïne dans le cas particulier de la « main fermée », la réalisation de ténotomies percutanées à l’aiguille sous anesthésie locale. De plus, les mobilisations en kinésithérapie (ou faite par les proches et les soignants) tout comme et le bon positionnement au lit ou au fauteuil en ergothérapie ont une place majeure pour lutter contre les HDA. Les médicaments antispastiques d’action centrale comme le Baclofène, le Dantrium ou la Tizanidine sont souvent d’utilisation délicate chez les sujets âgés et fragiles et ne sont pas recommandés.
Pour l’accès aux soins de ces patients, de nouvelles approches de parcours de soins promouvant le « aller vers » se développent comme la télé-consultation, la télé-expertise, l’hospitalisation à domicile ou les unités mobiles.
Chez ces personnes âgées souvent très dépendante avec troubles cognitifs la question du consentement aux soins est centrale et doit faire l’objet d’un temps d’échange dédié en consultation spécialisée.